Le lierre sur les arbres est il un parasite ou est-il bénéfique pour leur santé ?

Le lierre, cette plante grimpante bien connue, a longtemps été un sujet de débat parmi les écologistes, forestiers et jardiniers. Certains considèrent le lierre comme un nuisible pour les arbres, tandis que d’autres soulignent ses nombreux avantages pour la biodiversité et la qualité de l’air. Pourtant, des études récentes ont montré qu’au contraire, le lierre sur les arbres pouvait être bien plus bénéfique qu’initialement prévu. Abri à insectes, refuge pour oiseaux, couche protectrice : pour les arbres, le lierre est polyvalent. Décryptage.

Comprendre la croissance du lierre, et son interaction avec les arbres

Depuis l’Antiquité, le lierre a été associé à la nature et à la fertilité. Il est présent dans de nombreuses légendes et mythes, reflétant son rôle ancien dans la vie humaine et son importance écologique. En effet, le lierre est une plante résiliente qui pousse facilement sur divers supports, y compris les troncs d’arbres et les murs. Cette capacité d’adaptation lui a permis de coloniser un grand nombre d’écosystèmes forestiers au fil des années.

Le lierre est une plante vivace qui pousse en s’enroulant autour des arbres, des murs ou d’autres supports. Ses faibles racines sont adhésives, lui permettant de s’ancrer fermement à la surface et d’atteindre ainsi les hauteurs. Le lierre a un cycle de vie long, pouvant vivre jusqu’à plusieurs dizaines d’années. Il se développe principalement au printemps et en été, avec une croissance plus lente pendant l’hiver.

Est ce que le lierre tue les arbres ?

En général, le lierre n’est pas un parasite pour les arbres. Il puise ses nutriments et son eau directement dans le sol grâce à ses racines, sans priver l’arbre hôte de ces ressources essentielles. La plupart des arbres âgés de plus de trente ans ou plus ont tous naturellement du lierre qui a poussé sur leur écorce. Non seulement le lierre ne tue pas les arbres, mais il peut au contraire participer activement à leur développement. Cependant, il est vrai que le lierre peut parfois concurrencer l’arbre pour la lumière si celui-ci présente déjà des signes de faiblesse ou de maladie.

Contrairement à une idée reçue, le lierre étouffe pas les arbres et n’attaque pas leur écorce. Il ne prend pas non plus la sève des arbres pour se développer. Les racines adhésives du lierre sont superficielles : elles viennent se fixer à la surface de l’écorce, mais n’y pénètrent pas.

Les bienfaits du lierre pour les écosystèmes forestiers

De nos jours, certaines croyances populaires attribuent au lierre des effets négatifs sur les arbres. Cependant, les études scientifiques récentes montrent une image plus nuancée de cette interaction. Si le lierre peut parfois entraîner des risques pour les arbres affaiblis ou malades, il offre également de nombreux avantages à l’écosystème forestier dans son ensemble.

Le lierre n’est donc pas un parasite pour les arbres. Mais que leur apporte-il de si bénéfique ?

1/ Il contribue à la biodiversité et est un refuge pour la faune

Le lierre joue un rôle clé dans la biodiversité des forêts. En effet, sa présence offre un habitat naturel et un refuge à une multitude d’insectes, d’oiseaux et autres animaux. Par exemple, les abeilles et autres pollinisateurs sont attirés par les fleurs du lierre en automne, tandis que les oiseaux trouvent abri et nourriture dans son feuillage dense et persistant.

Le lierre sur les arbres abrite également une grande population d’araignées, qui vont réguler la population d’insectes nuisibles aux arbres. D’après la Ligue de protection des Oiseaux (LPO), le lierre sur un arbre abrite plus de 700 organismes vivants différents ! Les chauves-souris, attirées par cette population d’insectes, viennent également s’y abriter.

Un gros tronc d'arbre recouvert de lierre
Le lierre peut à première vue paraitre invasif ou comme un parasite, lorsque l’on voit un tronc d’arbre recouvert ainsi. Pourtant, il n’en est rien. Cette « barrière » de lierre y abrite plus de 700 organismes différents, et agit comme une vraie couche protectrice pour l’arbre contre les variations de température ou les excès d’humidité.

2/ Il agit comme un régulateur de température et d’humidité

Lorsqu’il est présent en quantité raisonnable, le lierre peut avoir un effet bénéfique sur la santé des arbres. Il protège leur écorce des intempéries et des variations de température.

Le lierre est également particulièrement efficace pour capter l’humidité avec ses feuilles. Un arbre dont le tronc est recouvert de lierre peut donc en bénéficier : le lierre va capter l’humidité excessive, ce qui limitera ainsi les troncs d’arbres de la présence de champignons invasifs.

3/ Il améliore la qualité de l’air

Comme les arbres, le lierre fait partie des puits de carbone naturels. Il contribue à améliorer la qualité de l’air en capturant les particules fines et en produisant de l’oxygène grâce à la photosynthèse. Enfin, le lierre est connu pour être un dépolluant atmosphérique naturel, en absorbant très efficacement les particules de poussières. C’est pour ces propriétés naturelles uniques que les feuilles de lierre sont fréquemment utilisées pour fabriquer une lessive écologique qui sent bon.

4/ Il enrichi le sol en humus et retient l’eau

Lorsque les feuilles de lierre meurent et tombent, elles enrichissent le sol en formant un humus extrêmement riche qui participe activement au développement des arbres. Ces racines favorisent également une meilleure rétention d’eau dans le sol, aidant l’arbre à survivre plus efficace aux sécheresses extrêmes.

Les inconvénients potentiels du lierre sur les arbres

Comme mentionné précédemment, le lierre peut parfois poser problème aux arbres malades ou affaiblis. Dans ces cas-là, il est recommandé d’intervenir pour limiter sa propagation et éviter que l’arbre ne subisse davantage de stress.

La gestion du lierre dépend de nombreux facteurs tels que la taille de la zone colonisée, l’état de santé des arbres concernés et les objectifs écologiques visés. En général, il est préférable d’intervenir pendant la période de dormance du lierre (automne-hiver) pour limiter son impact sur l’écosystème forestier. Des techniques mécaniques ou manuelles peuvent être utilisées pour couper ou arracher le lierre, en veillant à minimiser les dommages causés aux arbres hôtes.

Le lierre dans différentes zones climatiques et forêts

Le comportement du lierre varie en fonction des conditions environnementales et du type de forêt dans lequel il se développe. Par exemple, dans les forêts tempérées humides, le lierre peut proliférer rapidement et poser davantage de problèmes pour les arbres. En revanche, dans les forêts méditerranéennes ou montagnardes, sa présence est souvent moins problématique et contribue positivement à la biodiversité locale, sans compter tous les autres avantages cités précédemment.

Il est donc nécessaire de nuance la présence du lierre sur les arbres. Longtemps perçus comme problématique, ils peuvent au contraire être particulièrement bénéfiques pour l’arbre sur lequel ils se développent. En tenant compte des spécificités de chaque écosystème et en intervenant de manière réfléchie, il est possible d’allier conservation de la biodiversité et protection de la santé des arbres.

Alexandre Chauvel