Ces 4 écosystèmes piègent naturellement le CO2 et sont les plus grands puits de carbone

Les puits de carbone naturels jouent un rôle primordial dans la lutte contre le changement climatique. En séquestrant le dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz à effet de serre, ils contribuent à réguler notre atmosphère et à limiter les conséquences du réchauffement climatique. Si vous vous intéressez à ce sujet, il est essentiel de comprendre leur fonctionnement pour encourager leur préservation. Je vous propose de passer en revue les 3 plus grands puits de carbone naturel à l’échelle de notre planète.

Comment appelle-t-on un écosystème capable d’absorber naturellement le CO2 ?

Un écosystème capable d’absorber naturellement le dioxyde de carbone (CO2) est souvent appelé un puits de carbone.

Un puits de carbone naturel est un écosystème capable d’absorber et de stocker le CO2 atmosphérique par des processus biologiques ou géologiques. Ces puits jouent un rôle clé dans le cycle du carbone, en capturant le CO2 émis par la combustion des combustibles fossiles, la déforestation et d’autres activités humaines.

Ils contribuent ainsi à atténuer les effets du changement climatique. Les forêts, les océans, et les sols sont parmi les puits de carbone les plus importants de la planète, absorbant une grande partie du CO2 émis par les activités humaines.

Les 4 types de puits de carbone naturels

Parmi les différents types de puits de carbone naturels, on retrouve :

  1. Les sols : la matière organique présente dans les sols emprisonne le carbone sous forme de composés stables.
  2. Les tourbières : ces zones humides riches en matières organiques emmagasinent d’énormes quantités de carbone sur de longues périodes.
  3. Les forêts : les arbres absorbent le CO2 grâce à la photosynthèse et stockent le carbone dans leur biomasse.
  4. Les océans : ils dissolvent une partie du CO2 atmosphérique, qui se transforme ensuite en ions carbonates et bicarbonates.

1. Les sols et les tourbières comme puits de carbone

Les sols agissent comme des puits de carbone grâce à la matière organique qu’ils contiennent (résidus végétaux, micro-organismes, racines). Cette matière se décompose progressivement en composés stables, permettant au carbone d’être stocké sur de longues périodes. Les tourbières, quant à elles, piègent d’énormes quantités de carbone sous forme de matières organiques partiellement décomposées. Ils font partie des sols les plus fertiles, ayant accumulé au fils des siècles des couches sédimentaires et organiques très riches. A l’échelle mondiale, les tourbières stockent 1,4 Gt de carbone, ce qui en fait le puits de carbone naturel le plus important au monde.

La préservation des sols et des tourbières est primordiale pour maintenir leur rôle de puits de carbone. L’agriculture intensive, l’urbanisation ou encore la dégradation des tourbières peuvent entraîner la libération du carbone stocké et contribuer au réchauffement climatique.

Tourbières et sphaignes comme puits de carbone
La sphaigne, ces végétaux qui vivent dans des milieux gorgés d’eau et qui n’ont pas de racines, peuvent stocker jusqu’à 90 % de leur poids en eau. C’est elles qui permettent à la tourbière, un sol naturellement acide, de se former en dessous (en stockant l’eau), et donc de permettre que le carbone atmosphérique y reste piégé.

2. Les forêts comme puits de carbone

Les forêts agissent comme des puits de carbone car chaque arbre absorbe le CO2 atmosphérique grâce à la photosynthèse, en quantité plus ou moins importante selon les espèces. Ce processus permet aux arbres et aux plantes de croître, en transformant les molécules de CO2 en glucose et autres composés organiques. Le carbone est ainsi stocké dans la biomasse végétale (troncs, branches, feuilles) et les sols forestiers. En réalité, même la plus petite plante, même l’arbre avec les plus petites racines captera du CO2. Leur préservation et leur bon développement est donc essentiel. Dans le monde, les forêts absorbent l’équivalent de 7 milliards de tonnes de CO2 par an, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), ce qui en fait l’un des puits de carbone naturel les plus important du monde (en quantité).

La préservation des forêts est essentielle pour maintenir leur capacité à séquestrer le carbone. La déforestation et les incendies forestiers libèrent d’importants volumes de CO2 dans l’atmosphère, aggravant le réchauffement climatique. C’est pourquoi je suis toujours un peu choqué de voir que l’on continue d’abattre un arbre de plus de 30 ans, ou plus, qui pour atteindre sa taille actuelle aura capté une grande quantité de carbone. Il est donc primordial de protéger les forêts existantes et de promouvoir la reforestation pour renforcer leur rôle de puits de carbone.

Forêts comme puits de carbone
Environ la moitié d’un arbre est chimiquement composée de carbone : leur rôle de capteur naturel de carbone est donc extrêmement important.

3. Les océans comme puits de carbone

Les océans représentent le plus grand puits de carbone naturel, capturant environ 25% du CO2 émis par les activités humaines. Le CO2 dissous dans l’eau forme des ions carbonates et bicarbonates, qui sont ensuite utilisés par les organismes marins pour construire leurs coquilles calcaires, comme les huîtres. Une partie du carbone est également stockée sous forme de matière organique dans les sédiments océaniques. L’océan absorberait plus de 3 milliards de tonne de CO2 par an, selon le Global carbon project.

Le captage du CO2 par les océans présente toutefois des risques, comme l’acidification de l’eau, qui menace la survie de nombreuses espèces marines. Il est donc essentiel de limiter les émissions de CO2 pour préserver l’équilibre des océans et leur capacité à séquestrer le carbone.

Océans puits de carbone
En se développent, les coraux deviennent de vrais puits de carbone à eux seuls en emprisonnant du carbone dans leurs squelettes calcaires. Pourtant, ces ecosystèmes sont très fragiles.

Quels sont les sites naturels de puits de carbone naturels les plus connus ?

Dans le monde, des écosystèmes spécifiques se démarquent par leur faculté à stocker de gigantesque quantité de carbone, bien plus que pour des écosystèmes que l’on pourrait qualifier de « classiques ». En se basant sur les chiffres d’études scientifiques, voici les 3 puits de carbone naturels les plus connus et les plus performants au monde :

  1. La forêt amazonienne, Brésil – Considérée comme le « poumon de la planète », cette forêt tropicale est un gigantesque réservoir de carbone. Selon cette publication scientifique, la forêt amazonienne capture environ 2,2 tonnes de carbone par hectare par an​. Le réchauffement climatique et la déforestation diminue cette moyenne d’année en année.
  2. La forêt boréale, couvrant une grande partie de la Russie, du Canada, et de l’Alaska – Cette vaste étendue de forêt tempérée est également un puits de carbone majeur. Les forêts boréales contiennent un stock de carbone essentiel dans leurs sols. En moyenne, le stock de carbone forestier est contenu à 70 % dans le sol, et à 30 % dans la biomasse. Les forêts boréales constitueraient 24% des stocks globaux de carbone selon cette publication de Marianne Rubio.
  3. Les mangroves amazoniennes, présentes dans les régions tropicales et subtropicales – Elles stockent le carbone à la fois dans les plantes et dans le sol boueux. Selon cette étude très sérieuse de la Royal Society, les mangroves amazoniennes stockent 511 tonnes de carbone par hectare. Le réservoir moyen mondial de carbone du sol des mangroves est deux fois plus élevé que les forêts tropicales de l’Amazonie, mais sont moins présentes en termes de densité. Cette efficacité remarquable est due en grande partie à leur sol dense et saturé d’eau.

Il faut favoriser le développement des puits de carbone naturels

Pour renforcer les puits de carbone naturels, plusieurs mesures peuvent être mises en œuvre par les politiques publiques :

  1. Limiter la coupe d’arbres dans les forêts, et encourager la reforestation en offrant un arbre.
  2. Adopter des pratiques agricoles durables, comme l’agroforesterie ou la conservation des sols.
  3. Protéger et restaurer les zones humides, notamment les tourbières ou les mangroves.
  4. Réduire les émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre pour préserver l’équilibre des océans.
Alexandre Chauvel