Les volcans d’Auvergne peuvent-ils se réveiller un jour ?

Alors qu’en ce moment même, l’éruption de l’Eyjafjöll, un volcan d’Islande, captive le monde par les images impressionnantes du magma en fusion, beaucoup de questions se posent sur les volcans supposés « endormis ». Car, le saviez-vous ? Au cœur de la France, la région d’Auvergne abrite un paysage unique et spectaculaire, façonné par des volcans endormis depuis des millénaires. Ces géants silencieux dominent le paysage du Massif Central, témoignant d’une histoire riche en activité volcanique. Mais est-il possible que ces volcans se réveillent un jour et bouleversent à nouveau la terre qu’ils ont créée ? Un volcan peut-être définitivement endormi, et plus particulièrement nos volcans d’Auvergne ? Je vous propose un voyage fascinant au cœur des volcans, basé sur les études des volcanologues français.

Avant tout, comprenons ce qu’est l’activité volcanique

Pour saisir la complexité du sujet, il convient de comprendre les mécanismes qui régissent les éruptions volcaniques. Les volcans sont alimentés par un réservoir souterrain de magma, dont la montée vers la surface provoque l’éruption. Il existe plusieurs types d’éruptions, dont les éruptions effusives et les éruptions explosives. Le type hawaïen, caractéristique des volcans d’Hawaï, est un exemple d’éruption effusive où la lave s’écoule lentement et forme des coulées relativement peu dangereuses.

Un réveil volcanique peut être précédé de plusieurs signes précurseurs, tels que l’augmentation de l’activité sismique, l’émission de gaz ou la déformation du sol. C’est ce qui s’est passé cette année en Islande, avec la formation d’une immense faille de plus de 4 kilomètres de long dans le sol. Les scientifiques surveillent attentivement ces indicateurs pour anticiper d’éventuelles éruptions et prendre les mesures nécessaires pour protéger les populations et les infrastructures.

L’histoire des volcans d’Auvergne et son activité volcanique

Le panorama exceptionnel de l’Auvergne doit son existence à une intense activité volcanique qui remonte à plusieurs millions d’années. La chaîne des Puys, située près de Clermont-Ferrand, est un exemple emblématique de cette histoire mouvementée. Composée de plus de 80 volcans, elle s’étend sur environ 45 kilomètres et culmine au sommet du Puy-de-Dôme, véritable symbole de la région. Du fait de cette grande activité volcanique, le sol est très fertile. Mais un sol aussi très acide.

Au début de la formation des Alpes, il y a 40 millions d’années, la croûte terrestre du massif central s’étire et se fracture, provoquant une remontée du manteau chaud.

Il y a 40 millions d’années, la croûte terrestre du massif central s’étire et se fracture. Vient ensuite les Alpes qui se soulèvent il y a 25 millions d’années. Cette montée du magma et la formation de ces réservoirs magmatiques conduira pendant des millions d’années à la formation de plusieurs massifs volcaniques, les volcans d’Auvergne que nous connaissons aujourd’hui :

  • Les volcans de Limagne (25 millions d’années),
  • Le volcan du Cantal (de 11 à 4 millions d’années),
  • Les monts du Cézalier (de 8 à 3 millions d’années),
  • Le massif du Sancy et du Monts Dore (de 3 millions d’années à 250 000 ans),
  • La chaîne des Puys (de 95 000 à 8 500 ans).

L’activité volcanique de l’Auvergne est donc riche et ancienne, avec des éruptions survenues au cours des derniers millions d’années. La dernière éruption majeure en Auvergne remonte à environ 6 000 ans, ce qui est considéré comme récent à l’échelle géologique. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement que les volcans sont définitivement endormis.

Les volcans d’Auvergne sont-ils vraiment endormis ?

La question du réveil des volcans d’Auvergne est complexe et fait l’objet de débats parmi les scientifiques. Certains estiment qu’un réveil est possible, compte tenu de la présence de magma encore chaud sous la surface et des mouvements tectoniques qui pourraient provoquer une remontée du magma. D’autres considèrent que le risque est faible, en raison de la diminution progressive de l’activité volcanique dans la région au fil des millénaires.

En réalité, impossible de déterminer avec exactitude le réveil d’un volcan. Dans une récente interview, le volcanologue François-Dominique de Larouzière déclarait : « Ça peut être dans trois mois comme dans 5 000 ans. La chaîne des Puys est considérée comme potentiellement active ».

Précision qui effectivement a son importance : les volcans d’Auvergne sont endormis, et pas éteints. Un volcan éteint est un volcan qui n’a connu aucune interruption volcanique ces 10 000 dernières années. Et nous l’avons vu : la dernière éruption majeure en Auvergne remonte à 6 000 ans.

Mais tous les volcans d’Auvergne ne se valent pas et ne présentent pas le même niveau d’activité volcanique. Les volcans de la chaîne du Puy, par exemple, sont monogéniques, c’est-à-dire créés lors d’une éruption brève et unique, et ne connaitrons pas d’autres éruptions (ils sont définitivement éteints). Toutefois, d’autres volcans sont encore potentiellement actifs, et de nouveaux volcans pourraient apparaitre.

Que se passerait-il si les volcans d’Auvergne se réveillaient ?

Si les volcans d’Auvergne devaient se réveiller, les conséquences pourraient être variables selon l’intensité de l’éruption et la densité de population des zones concernées. Une éruption effusive, comme celle du type hawaïen, serait moins dangereuse qu’une éruption explosive, qui pourrait provoquer des nuées ardentes et des retombées de cendres sur de vastes étendues.

Impossible de prédire en avance un probable réveil des volcans d’Auvergne, mais les scientifiques prévoient que dans environ 250 millions d’années, la formation d’un supercontinent, la Pangée, entrainera une activité tectonique extrême. Cette activité tectonique intense provoquera une activité volcanique extrême, contribuant à la fin de toute vie sur terre. Il y a fort à parier qu’à cette échéance, les volcans « endormis », comme ceux d’Auvergne, se réveilleront également.

La surveillance des volcans d’Auvergne

Afin de mieux comprendre l’activité volcanique en Auvergne et d’évaluer les risques potentiels, les scientifiques mettent en œuvre diverses méthodes de surveillance. Parmi celles-ci figurent la sismologie, la géodésie ou encore la détection des gaz émis par le volcan. C’est le réseau sismique régional qui se charge de la surveillance. Ces données permettent d’affiner les modèles prédictifs et d’adapter les plans de gestion des risques en cas d’éruption. Si un jour une éruption venait à se déclarer, les volcanologues seraient en mesure de donner l’alerte pour permettre à la population de se préparer, et de se mettre en sécurité.

En définitive, il est difficile d’affirmer avec certitude si les volcans d’Auvergne peuvent se réveiller un jour. Les processus à l’œuvre sont complexes et imprévisibles, rendant toute prédiction hasardeuse. Toutefois, grâce aux efforts constants des chercheurs et aux progrès réalisés dans la compréhension du fonctionnement des volcans, nous disposons aujourd’hui d’outils précieux pour surveiller ces géants endormis et anticiper leurs réactions futures. Une chose est sûre : ils ne sont pas inactifs, et la probabilité est réelle. Mais ces volcans étant très étroitement surveillés, nous pouvons dormir sur nos deux oreilles.

Source et pour aller plus loin : Conseil départemental du Puy-de-Dôme

Alexandre Chauvel